Abner Rudon

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"Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier."

Livre des Psaumes 119-105

La Promesse et la Loi


Qu'est-ce donc que la Loi ? Elle a été ajoutée pour qu'il y eût des transgressions jusqu'à ce que vînt la descendance, à qui été destinée la Promesse.
Elle a été édictée par le ministère des anges avec le concours d'un intermédiaire.
Or, quand on est seul, il n'y a pas d'intermédiaire, et Dieu est seul.
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Versets 19 à 20

Si nous demandions à chaque lecteur, de fournir avec explications, la pleine compréhension qu’ils ont des versets proposés, nous serions certainement surpris de constater, non seulement les difficultés devant cette tâche, mais encore et surtout, du nombre de conceptions différentes qui co-existent.
Et cela ne devrait pas nous étonner ; rappelons-nous, de ce que l'apôtre Pierre écrivait dans la seconde épître à propos des lettres adressées par Paul aux différentes églises avec lesquelles il s'était lié. Pierre précise qu'elles contiennent « des paroles pleines de sagesse mais qui peuvent paraître difficiles à comprendre ». Il nous semble que les versets que nous venons de lire ne font pas exception à cette remarque, et devant, non pas la complexité des mots, mais du moins devant la perplexité qu'ils nous inspirent, nous devrions nous y attarder quelque peu.

Contexte Biblique

Il est impossible de prétendre analyser et comprendre un seul verset de toute la bible, sans nous attacher préalablement au contexte dans lequel il se trouve et a été placé par son auteur. Procéder d'une manière différente est une assurance, pour celui que se laisserait tenter par cette approche trop hâtive, de se tromper, de s'égarer et par la même, d'amener son auditoire sur une pensée et un chemin dangereux.
Dans beaucoup de domaines, cela n'aurait au fond que peu d'importance : la mauvaise interprétation n'a que peu souvent des répercussions véritablement sérieuses, encore que nous pourrions en trouver aisément. Mais en ce qui concerne la parole de Dieu, nous devons prendre garde à ce que nous comprenons car il en va de notre salut même, et à ce que nous disons car il en va de la vie de ceux qui nous écoutent.

Les versets introductifs à notre étude sont extraits de l'épître aux Galates, Carte de la Galatie dans laquelle Paul s'adresse à l'église de la Galatie, province de l'Asie Mineure (Turquie actuelle) et met en garde ses frères contre les doctrines nouvelles qui tendent à vouloir leur présenter « un autre évangile ».
Quel est la nature et le fond de cette nouvelle doctrine qui opère dans le coeur des Galates et qui apporte tant de confusion ? A la lecture du premier chapitre, nous comprenons que des hommes, des 'docteurs judaïsant', enseignaient la nécessité de la pleine observation de la Loi, même pour des païens convertis. Paul va alors rappeler à ces frères, que si quelqu'un peut se vanter de connaître la Loi, il le peut, lui le premier, lui qui a rendu ce témoignage aux Philippiens.


... moi un circoncis du huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin ; Hébreu fils d'hébreux ; pharisien pour ce qui est de la Loi ; persécuteur de l'Eglise pour ce qui est du zèle et quant à la justice de la Loi, irréprochable.
Epître aux Philippiens – Chapitre 3 – Versets 5 et 6

Ce à quoi Paul a rajouté, pour bien nous faire comprendre ce qu'il a lui-même acquis dans son coeur et dans son esprit avec force et assurance.


Mais ces titres qui étaient pour moi de précieux avantages, je les ai considérés comme un préjudice à cause de Christ...
Pour son amour j'ai voulu tout perdre, regardant toutes choses comme de la balayure, afin de gagner le Christ, et d'être trouvé en Lui, non avec ma propre justice, c'est celle qui vient de la Loi, mais avec celle qui naît de la foi dans Le Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi.
Epître aux Philippiens – Chapitre 3 – Versets 7 à 9

La lettre aux Galates, comme celle adressée aux Romains, a pour sujet principal la Loi, et traite de son impuissance, de son imperfection pour conduire les hommes au salut, qu'ils soient juifs ou non.

Nous pouvons percevoir toute la souffrance et toute l'incompréhension de Paul lorsqu'il déclare :


Pauvres fous de Galates, qui vous a ensorcelés... Etes-vous donc si fous ?
Débuter par l'esprit et maintenant finir par la chair.
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Versets 1 à 4

Nous comprenons que ces versets s'adressent principalement à d'anciens païens, qui ne connaissaient pas la Loi, et auxquels Paul est venu apporter le message de l'Evangile, de la Bonne Nouvelle ; à savoir que la vie ne s'arrêtait pas à l'apparence de la chair, chair qui était fragile, imparfaite, temporaire, mais que Christ était venu pour leur apporter la paix par la connaissance du Père, la joie par l'assurance du salut, et l'espérance d'une vie éternelle. Dans ce message, la Loi Mosaïque n'avait aucune place pour eux, ils ne pouvaient ni en comprendre le principe, puisqu'ils n'étaient pas juifs, et encore moins en comprendre le but, eux qui avaient tout pleinement reçu en Jésus-Christ.
Nous pouvons aisément réaliser le trouble causé par cette doctrine, qui voulait leur imposer un fardeau, alors qu'ils entraient à peine dans une nouvelle liberté en Christ. Ce trouble et la culpabilité qu'il a engendrée, ont produit de la confusion parmi les frères, et c'est pourquoi Paul va combattre avec beaucoup de force et d'abnégation pour rejeter toute idée qui tendrait à faire croire aux hommes que la Loi de Moïse demeure pour celui qui a rencontré son sauveur en la personne de Jésus-Christ, comme si elle pouvait apporter quoique ce soit de plus au sacrifice de la croix.
Paul multipliera, dans ces lettres, arguments, témoignages, développements et exemples, pour démontrer la faiblesse et l'insuffisance de la Loi en ce qui concerne le salut de l'homme et c'est ainsi que toute l'épitre aux Galates s'articule.
Pour mieux encore nous faire comprendre le rôle de la Loi, sa faiblesse, ses carences et sa temporalité, Paul introduit un nouveau raisonnement, il apporte un éclairage nouveau sur l'histoire du peuple Hébreu lorsqu'il fait référence à Abraham et dit ...


Qu'est-ce donc que la Loi ? Elle a été ajoutée pour qu'il y eût des transgressions...
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Verset 19

La Loi de Moïse, car il s'agit bien évidemment de la Loi Mosaïque a été ajoutée à quoi ?
La suite du verset nous éclaire et nous dit ...


... jusqu'à ce que vînt la descendance, à qui était destinée la promesse.
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Verset 19 suite

Ce qui nous renvoie à ce que Paul avait écrit précédemment...


Or c'est à Abraham que les promesses ont été faites et à sa descendance.
On ne dit pas : « et à ses descendants » comme pour plusieurs
mais comme pour un seul : « et à ta descendance » qui est le Christ.
Je le dis : une disposition déjà prise en bonne et due forme par Dieu, la Loi, venue quatre cent trente ans plus tard, ne va pas la rendre invalide et ruiner ainsi la promesse. Si, en effet, l'héritage venait de la Loi, ce ne serait plus de la promesse.
Or c'est par promesse que Dieu a accordé sa faveur à Abraham.
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Verset 16 et suivants

La Loi de Moïse est, certainement à juste raison, considérée par les juifs comme un élément déterminant pour le peuple Hébreu ; elle agit comme une singularité en faisant de ce peuple une exception parmi tous les autres peuples de la terre.


Car tu es un peuple saint à L'Eternel, ton Dieu ; et L'Eternel t'a choisi pour Lui être un peuple particulier entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre.
Livre du Deutéronome – Chapitre 14 – Verset 2

En ce sens-là, il est incontestable de dire que la Loi de Dieu, fût véritablement une chance pour les Hébreux, elle fût pour eux, un mode de vie, leur imposant, certes des restrictions et des obligations, mais elle leur a apporté un savoir vivre ensemble, dans une société théocratique.
Paul n'ignorant point les vertus de la Loi, nous ramène au Père fondateur, à savoir, à Abraham, en nous rappelant que c'est à lui que les promesses ont été faites et il précise que ces promesses ont été faites à sa descendance, c'est à dire au Christ.
Cependant, nous devons pousser notre étude un peu plus loin, pour savoir à quelle promesse, Paul fait allusion lorsqu'il cite ce passage, car, en effet, Dieu a fait plusieurs promesses à Abraham !


Les Promesses

La première promesse faite par l'Eternel à Abram, car il s'appelait encore Abram (Père élevé), se situe au moment où l'Eternel lui demande de partir de son pays natal (Ur en Chaldée - Mésopotamie actuelle), avec sa femme Saraï et son neveu Lot.


L'Eternel dit à Abram : « Va-t'en de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je rendrai grand ton nom. Tu seras une bénédiction : Je bénirai ceux qui te béniront, et celui qui te maudira, je le maudirai, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. »
Livre de la Genèse – Chapitre 12 – Versets 1 à 3

Puis après que Lot se fut séparé d'Abram ...


L'Eternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : « Lève les yeux et, du lieu où tu es, regarde vers le septentrion et vers le midi, vers l'orient et vers le couchant : tout le pays que tu vois, Je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. Je rendrai ta postérité nombreuse comme la poussière de la terre ; s'il on peut compter la poussière de la terre, on comptera aussi ta postérité. »
Livre de la Genèse – Chapitre 13 – Versets 15 et 16

Et encore après la rencontre avec Melchisédech ...


Abram répondit : « Seigneur Eternel, que me donnerez-vous ? Je m'en vais sans enfants, et l'héritier de ma maison c'est Eliézer de Damas. » ...
Alors la parole de L'Eternel lui fut adressée en ces termes : « Ce n'est pas lui qui sera ton héritier, mais celui qui sortira de tes entrailles sera ton héritier. »
Et, l'ayant conduit dehors Il dit : « Lève ton regard vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter. » Et Il lui dit : « Telle sera ta postérité. »
Abram eut foi à L'Eternel, et L'Eternel le lui imputa à justice.
Livre de la Genèse – Chapitre 15 – Versets 2 et suivants

A nouveau avant que les villes de Sodome et de Gomorrhe ne fussent anéanties par le feu de l'Eternel ...


Alors L'Eternel dit : « Cacherai-Je à Abraham ce que je vais faire ? Car Abraham doit devenir une grande nation grande et forte, et toutes les nations de la terre seront bénies en lui. »
Livre de la Genèse – Chapitre 18 – Versets 17 et 18

Et encore après le sacrifice d'Isaac sur le mont Moria ...


L'Ange de L'Eternel appela du ciel Abraham une seconde fois, en disant : « Je l'ai juré par moi-même, dit L'Eternel : parce que tu as fait cela, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, Je te bénirai ; Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer, et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. En ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre parce que tu as obéi à ma voix. »
Livre de la Genèse – Chapitre 22 – Versets 15 à 18

Nous pourrions penser que tous ces passages sont semblables et qu'il n'existe pas véritablement de différence, si ce n'est dans le choix des mots et des circonstances dans lesquelles, ils ont été prononcés. Toutefois, en y regardant de plus près nous pouvons arriver à certaines observations.
. Dans le chapitre 13 du livre de la Genèse, L'Eternel assure à Abraham que tout le pays qu'il peut voir, sera pour lui et pour sa descendance et que sa postérité sera nombreuse comme la poussière de la terre. Dans le chapitre 18 du même livre, l'Eternel annonce à son serviteur que sa postérité deviendra une nation grande et forte.
Il apparaît clairement que ces promesses se sont accomplies parfaitement avec les 12 tribus d'Israël, c'est à dire avec les 12 enfants de Jacob (petit-fils d'Abraham) qui sont la base de la construction d'Israël, nation que Dieu s'est choisie comme en témoignent les écritures.


Car tu es un peuple saint à L'Eternel, ton Dieu ; et L'Eternel t'a choisi pour Lui être un peuple particulier entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre
Livre du Deutéronome – Chapitre 14 – Verset 2

. Cependant, si la postérité d'Abraham a son accomplissement avec Israël, en tant que nation, pourquoi Paul prendrait soin de préciser que les promesses ont été faites à Abraham et à sa descendance, c'est à dire au Christ (Epître aux Galates - Chapitre 3 - Verset 16) ?
Comment comprendre, alors, que tout le pays que voit Abraham, pays promis par l'Eternel à Abraham et à sa descendance, pays conquis avec l'appui et la grâce de Dieu au temps de Josué, serait finalement destiné et réservé à Jésus-Christ, notre Seigneur, lui le Maître de toute la terre, de tout l'univers et de toute la création ?
Doit-on également comprendre, qu'en Christ, une « grande nation » verra le jour ?
Le seigneur n'est-il pas venu, par son sang et sa résurrection, donner naissance à l'Eglise, c'est à dire à un édifice spirituel qui est constitué de l'ensemble de ses rachetés ?

Certains commentaires bibliques font le choix de réduire cette problématique et essayent de faire correspondre les textes en supposant que Dieu a promis à Abraham et à sa postérité la possession de la terre de Canaan, dans un premier temps de manière terrestre, avec la nation d'Israël et la conquête de Josué, puis dans un second temps avec le règne millénaire de Jésus-Christ sur toute la terre.

Cette position ne nous apparaît pas véritablement fondée. Elle repose en premier lieu sur une conception plus idéologique que biblique, à savoir le « Millénium », dont la bible parle, mais qui fait débat au sein même de l'Eglise et dont il existe différentes interprétations. En outre, cette solution n'est pas argumentée, et n'explique nullement la pensée de Paul. C'est une position doctrinale qui tend à vouloir, à toute force, faire coïncider des textes bibliques, dans le but de donner consistance à cette doctrine controversée.

. En revanche, nous pouvons remarquer que dans la partie introductive du chapitre 3 de l'Epître aux Galates, l'apôtre des « Gentils des nations » fait référence de manière plus précise à une promesse faite par l'Eternel à Abraham...


C'est ainsi qu'Abraham eut foi en Dieu et ce lui fut imputé à justice.
Comprenez-le donc : ceux-là sont fils d'Abraham qui sont hommes de foi. Aussi l'écriture, prévoyant que Dieu justifierait les Gentils par la foi, a-t-elle prédit à Abraham cette bonne nouvelle : Toutes les nations seront bénies en toi.
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Versets 6 et suivants

Abraham eut foi en L'Eternel et cela lui fût imputé à justice, à quelle occasion ?


Abram répondit : « Seigneur Eternel, que me donnerez-vous ? Je m'en vais sans enfants, et l'héritier de ma maison c'est Eliézer de Damas. » ...
Alors la parole de L'Eternel lui fut adressée en ces termes : « Ce n'est pas lui qui sera ton héritier, mais celui qui sortira de tes entrailles sera ton héritier. »
Et, l'ayant conduit dehors Il dit : « Lève ton regard vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter. » Et Il lui dit : « Telle sera ta postérité. »
Abram eut foi à L'Eternel, et L'Eternel le lui imputa à justice.
Livre de la Genèse – Chapitre 15 – Versets 2 et suivants

Voilà la promesse à laquelle fait référence Paul, dans l'Epître aux Galates, car en Christ toutes les nations de la terre sont bénies. La bénédiction et les promesses de Dieu ne concernent plus seulement son peuple issu de la race de Jacob, mais tous les peuples de la terre et ce, pour la plus grande justice du Seigneur.

Comment peut-on alors faire correspondre à la fois le fait que la descendance d'Abraham, à qui les promesses ont été établies, soit pleinement accomplies, réalisées, en Christ et qu'elles le soient également avec Israël qui a reçu le pays promis et qui est devenu une grande nation ?

La promesse faite à Abraham présente des portées différentes pour des temps différents. Une portée terrestre avec la conquête de Canaan par les 12 tribus d'Israël au temps de Josué, puis une portée spirituelle avec la venue de Jésus-Christ. C'est elle qui ouvre une ère nouvelle, celle de la grâce, où les hommes, non seulement les juifs mais encore ceux des nations, pourront avoir part au message de l'évangile, de la bonne nouvelle, qui annonce à tous la fin de la malédiction ; l'homme n'est plus sous la condamnation à mort de la loi du péché, mais Dieu, par amour pour lui, lui fait don de sa grâce.

Cependant, il est sans doute nécessaire de préciser plusieurs points quant aux arguments et à la logique qui ont pu nous pousser à considérer cette position.

Qu'il existe des portées différentes qui se réalisent dans des temps différents, cela n'est pas nouveau, bien au contraire, nous pourrions même dire que toute la parole de Dieu s'articule autour de ce principe. Considérons, en effet, les grands évènements bibliques, et nous pourrons vérifier que ces évènements, quoi que similaires, se sont déroulés et répétés dans des périodes et avec des considérations différentes.

Il en est ainsi, de la Pâque. Pour les juifs et selon la loi Mosaïque, la Pâque représente la sortie de l'esclavage du peuple Hébreux sous la domination égyptienne. Mais pour nous Chrétiens, il existe une seconde Pâque, qui nous rappelle la crucifixion de notre Seigneur Jésus-Christ sur le mont Golgotha de Jérusalem, il y a près de 2000 ans. Et cette Pâque nous renvoie à ce qu'elle a engendré, à savoir, la sortie de l'esclavage du péché et de la mort, sous la domination du diable.
En cela, nous pouvons considérer et réaliser, que la première Pâque, celle de l'Egypte, avait une portée terrestre, alors que la seconde celle de Golgotha avait une portée spirituelle.

Un autre exemple, la fête de la pentecôte. Pour le peuple Hébreu, c'est le don de la Loi, qui eut lieu 50 jours après la fête de la Pâque ; c'est la portée terrestre de cette fête. Alors que la portée Spirituelle se révèle avec le don de l'Esprit promis par le Seigneur, et qui s'est pleinement manifesté, là encore, 50 jours après la Pâque.

[La Loi, donnée par Moïse au mont Sinaï, Livre de l'Exode - Chapitre 23 - Verset 14 et suivants, prévoyait que le peuple devait obligatoirement se rendre devant L'Eternel, 3 fois par an, et ce pour les Fêtes des pains sans levain (la Pâque), pour la fête des moissons (la pentecôte), et enfin pour la fête des récoltes, (fête des cabanes ou des tentes). Cette dernière solennité, est un rappel pour le peuple qu'avant de rentrer sur la terre promise, les hébreux ont marché dans le désert et ont habité dans des huttes provisoires et fragiles. Nous devrions, là encore, considérer que cette troisième fête, à l'instar des deux autres, à une portée terrestre, celle que nous venons d'évoquer, et une portée spirituelle qui est en devenir et qui s'accomplira parfaitement, lorsque le Seigneur reviendra chercher ses enfants, c'est à dire son peuple, afin de le faire rentrer, non pas sur la terre promise, mais bien dans son royaume céleste et ce, afin d'être pour toujours avec Lui.]

Il existe encore beaucoup d'autres prophéties auxquelles s'appliquent ce principe, et il en est ainsi également pour Israël. Le peuple descendant d'Abraham, à travers les 12 douze enfants de Jacob, représente l'Israël terrestre, avec des promesses terrestres, une Loi s'appliquant à un régime terrestre, avec des frontières terrestres et des ennemis terrestres, et ce jusqu'à ce que vienne, comme les écritures nous l'affirme, la véritable descendance d'Abraham, c'est à dire Jésus-Christ. Dès lors, nous devons parler d'un autre Israël, un Israël spirituel, plus grand, qui comprend les juifs et les non juifs, qui sont regroupés au sein d'un même peuple, d'un même sang, celui qui a coulé à la croix, celui qui a été versé par le Seigneur Jésus-Christ.
Un Israël, placé sous le régime de la Grâce, qui n'a plus de frontière, qui n'appartient plus à cette terre, mais dont les yeux sont levés vers le ciel.

Nous pouvons également remarquer que dans le chapitre 22 du livre de la Genèse, ces portées se trouvent juxtaposées et l'analogie qui nous est proposée nous apparaît alors encore plus clairement. En effet, à la suite du sacrifice sur le mont Moria par Abraham d'un bouc et non d'Isaac, son fils, l'Eternel déclare à Abraham que parce qu'il a fait cela, qu'il n'a pas refusé son fils, Dieu multipliera sa postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer ; belle analogie pour parler du côté spirituel et du côté terrestre.

Cependant, à ce stade de notre étude, nous ne devons pas ignorer les controverses que pourraient susciter une telle présentation ; controverses qui existent, que nous ne devons pas ignorer, mais plutôt aborder avec justesse et sérieux.


La controverse

Ou se situe la controverse ? Pourquoi elle existe ? Sur quels principes elle s'appuie ; Voilà en peu de mots, ce que nous nous proposons d'exposer.

L'étude de la parole de Dieu, devrait se faire et s'entendre qu'à la lumière des écritures saintes. Or, trop souvent, nos études, nos raisonnements, se fondent par principe sur les idéologies qui nous sont propres et auxquelles nous voulons demeurer attachées.
Certes, Il est important de rester profondément attachés aux principaux fondamentaux bibliques, qui agissent comme des ancres, nous permettant de savoir reconnaître les dangers de nouveaux préceptes tendant à nous éloigner de la parole de Dieu.

Mais que sont ces principes fondamentaux et sur quoi notre foi doit elle être fondée ?

L'apôtre Paul nous en parle en ces termes ...

C'est pourquoi, laissant de côté l'enseignement élémentaire sur Le Christ, élevons-nous à l'enseignement parfait, sans poser de nouveau les principes fondamentaux
du renoncement aux oeuvres mortes,
de la foi en Dieu,
de la doctrine des ablutions, (baptême d'eau et baptême de l'Esprit)
de l'imposition des mains,
de la résurrection des morts
et du jugement éternel.
Epître aux Hébreux – Chapitre 6 – Versets 1 et suivants

Voilà donc en peu de mots, les bases élémentaires et incontestables de la foi de tout Chrétien né de nouveau.
Il existe bien entendu, de nombreux autres principes, doctrines, fondements de la pensée chrétienne, sur lesquels l'immense majorité converge ; nous pourrions à titre d'exemple, évoquer la divinité du Christ, qui n'est pas l'un des préceptes cités dans l'épître aux hébreux, mais dont il est facile de trouver les textes qui l'affirment sans ambiguïté.
Certains autres principes peuvent rencontrer des difficultés plus sérieuse, et il apparait alors des divergences sur des points de vue particulier, mais qui ne remettent jamais en cause la base même de notre croyance, c'est à dire notre Salut.
Il apparaît enfin des systèmes de pensées, qui sont soumis au débat théologique, où chacun avance des arguments en faveur de ces propres raisonnements et où parfois les désaccords sont tels, qu'un fossé idéologique se creuse entre les protagonistes. Dès lors, il peut arriver que l'idéologie prenne le pas sur les écritures et qu'au nom de cette idéologie, nous voulions à tout prix y faire correspondre les écritures. C'est un peu comme si à force de vouloir faire rentrer une pièce de puzzle dans la place que l'on veut pour elle, nous commencions à retailler les pièces déjà placées.

Le millénium fait pleinement partie de cette catégorie de système de pensée théologique et bien que nous consacrerons un dossier complet pour son étude, il nous semble important de préciser qu'il n'existe pas une version du millénium, mais plusieurs et que toutes ont des particularités très différentes, et des conceptions liées aux salut des âmes très singulières.

Pour revenir au sujet qui nous concerne, les millénaristes et plus particulièrement les dispensationalistes, ont une conception bien différente du passage que nous avons étudié et ce parce que la doctrine qu'ils défende reposent sur des bases et des fondements qui ne sont pas communs.
Le dispensationalisme estime que nous devons faire une distinction entre l'Eglise et Israël et ce, tant sur les promesses faites, que sur leur rôles à jouer, et la place qu'ils occupent dans le coeur de Dieu. Dans cette conception, on considère qu'avec la venue de Jésus-Christ, l'ensemble des promesses de l'Ancien testament qui concernent le rétablissement du royaume d'Israël ne se sont pas accomplies, mais qu'elles le seront avec l'instauration du règne terrestre de Jésus-Christ durant le Millénium. Il y a donc une séparation entre l'Israël, le peuple terrestre, élu de Dieu destiné à vivre dans le royaume sur terre, et L'Eglise de Dieu, le peuple spirituel de Dieu, destiné à vivre dans les cieux. Cette pensée suggère que le fait qu'Israël ait rejeté son Messie, soit un simple contretemps dans l’histoire, et qu’en conséquence l’Eglise ne serait que la résultante de ce contretemps. Et ainsi Israël a la fin des temps serait alors rétabli et reprendrait toute sa place dans le cœur de Dieu.

Ainsi, nous devrions considérer, 2 entités distinctes, l’Israël de Dieu et l’Eglise de Dieu.

Mais les écritures diffèrent profondément de cette perception doctrinale !

Car tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas le véritable Israël, et pour être la postérité d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais c'est la postérité d'Isaac qui sera dite ta postérité, c'est à dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu mais ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité d'Abraham.
Epître aux Romains - Chapitre 9 - Versets 6 à 8


Le vrai juif, ce n'est pas celui qui l'est au dehors, et la vraie circoncision, ce n'est pas celle qui paraît dans la chair. Mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement, et la circoncision, c'est celle du coeur, dans l'esprit, et non dans la lettre :
Ce juif aura sa louange, non des hommes, mais de Dieu.
Epître aux Romains - Chapitre 2 - Versets 28 et 29

Dans un autre passage, Israël est comparé à un arbre, un olivier ...


Si les prémices sont saintes, la masse l'est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui n'étais qu'un olivier sauvage, tu as été enté à leur place et rendu participant de la racine et de la sève de l'olivier, ne te glorifie pas à l'encontre des branches. Si tu te glorifies, sache que ce n'est pas toi qui portes la racine, mais que c'est la racine qui te porte.
Tu diras donc : Ces branches ont été retranchées, afin que je fusse enté.
Cela est vrai ; ils ont été retranchés à cause de leur incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi ; garde-toi de pensées orgueilleuses, mais crains.
Car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, crains qu' IL ne t'épargnera pas non plus.
Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sa sévérité envers ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, si tu te maintiens dans cette bonté ; autrement toi aussi tu seras retranché.
Eux aussi, s'ils ne persévèrent pas dans leur incrédulité, ils seront entés ; car Dieu est puissant pour enter de nouveau.
Si toi, tu as été coupé sur un olivier de nature sauvage, et enté, contrairement à ta nature, sur l'olivier franc, à plus forte raison les branches naturelles seront-elles entées sur leur propre olivier.
Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c'est qu'une partie d'Israël est tombée dans l'aveuglement jusqu'à ce que la masse des Gentils soit entrée.
Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit :
« Le libérateur viendra de Sion, et il éloignera de jacob toute impiété ; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j'aurai ôté leurs péchés ».
Epître aux Romains - Chapitre 11 - Versets 16 et suivants

De ce passage très instructif, nous pouvons en retirer divers enseignements :
. Il est primordial de bien comprendre, que dans tout le texte, Paul, l'apôtre des Gentils, c'est à dire l'apôtre de ceux qui viennent des nations, c 'est à dire l'apôtre des non-juifs, Paul, donc, considère et ne parle que d'un seul arbre, l'olivier franc, c'est à dire l'Israël de Dieu.
Rien, dans ce qui est écrit, ne peut nous laisser entendre qu'il existerait un premier arbre, l'Israël physique et terrestre, peuple élu de Dieu, qui aurait été écarté pour un temps, à la suite du rejet de leur Messie.
Il n'est pas davantage mentionné, l'existence d'un second arbre, l'Eglise de Dieu qui prendrait ses racines avec la venue des premiers chrétiens nés spirituellement, suite à la crucifixion du Christ, arbre qui croîtrait et fructifierait jusqu'à ce jour.

Non ! Ce qui est écrit, c'est qu'il n'existe qu'un seul arbre, ayant plusieurs branches, des branches naturelles, les descendants d'Israël, de Jacob et donc d'Abraham, et des branches greffées, c'est à dire tous les hommes et les femmes issus des nations qui ont cru au Fils de Dieu.

. De plus, en ce qui concerne les branches qui ont été écartées, comprenons coupées, à cause de l'aveuglement et de l'incrédulité de certains, nous devons noter que ces mêmes branches ont la possibilité d'être entées, greffées à nouveau. Cette possibilité leur a été donnée immédiatement avec la venue du Seigneur et continue jusqu'à ce jour, à la condition de venir à Christ, et, comme pour les païens de naître de nouveau. Car que nous soyons juifs ou pas, il est impératif de passer par le nouvelle naissance, l'appartenance juive ne nous soustrait pas à cet impératif.

Considérons et rappelons-nous les paroles adressées à Nicodème par le Seigneur.

Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, Je te le dis, nul, s'il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu. »
Nicodème lui dit : « Comment un homme, quand il est vieux, peut-il naître ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître de nouveau ? »
Jésus répondit : « En vérité, en vérité, Je te le dis, nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit ne peut entrer dans royaume de Dieu. Car ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas de ce que Je t'ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau ... »
Evangile de Jean - Chapitre 3 - Versets 3 à

Ce qui était une obligation pour Nicodème, ne le serait-elle plus pour tout autre juif ?

Oublions-nous que toute l'Eglise naissante, et en premier lieu tous les apôtres, sont passés par cette nouvelle naissance et que tous ont été baptisés en Jésus-Christ ?
Où se trouve la place des premiers disciples de Christ, avec l'Eglise ou avec Israël ?

. Enfin, nous devons apporter une attention particulière au verset dans lequel Paul déclare :

Et ainsi tout Israël sera sauvé
Il est indispensable d'agir avec beaucoup de précautions, non seulement notre lecture doit être attentive, mais notre interprétation doit être mesurée et conforme à toute la parole de Dieu, et ce, afin de ne pas induire en erreur, ceux à qui nous nous adressons.

Ces quelques mots, sont à la base, d'une doctrine (pré)millénariste-dispensationaliste, qui tend à nous présenter que le peuple d'Israël, « présent à la fin des temps, dans son ensemble se convertira à l'Evangile, en reconnaissant dans un élan collectif, Jésus de Nazareth comme le Messie.» Voir Commentaire Biblique Romain 11-26

Et l'on arrive à cette conclusion fort simple « Et ainsi TOUT Israël serait sauvé ! »

Mais qu'en est-il exactement et que devons-nous réaliser à l'écoute de cette doctrine ?

Devons-nous comprendre, que la seule appartenance au peuple d'Israël sera suffisante pour que tous les juifs reconnaissent en Jésus, revenu dans toute sa gloire, leur sauveur ?
Ils seraient, alors sauvé, selon la vue en quelque sorte ! Quid de la foi, sans laquelle, il est impossible à l'homme de plaire à Dieu ? Epître aux Hébreux - Chapitre 11 - Verset 6

Faut-il, également, admettre que la vie de ces hommes aurait plus de valeur aux yeux de Dieu, ou plus de mérite, que celles de tous les juifs qui sont morts en l'an 70, sous les armées de Titus, dans toutes les persécutions qu'ils ont connues depuis plus de 2000 ans, dans les pogroms de Moscou, ou dans les camps de concentration d'Auschwitz, et de Treblinka ?

N'est-il pas évident qu'il y aurait en cela une injustice flagrante ?

Comment comprendre alors cette parole ?

L'apôtre Paul, nous décrit préalablement, l'Olivier franc, celui qui commence en Eden, avec Adam, avec Hénoch, avec Noé, puis avec Abraham et toute sa descendance, avec tous les hommes et toutes les femmes qui en vertu de leur foi, se sont confiés en la bonté de leur Dieu, et par leur foi se sont approchés du Très-Haut.
A cet arbre, des branches ont été coupées. Paul évoque le fait qu'une partie d'Israël est tombée dans l'aveuglement. Une partie seulement, car beaucoup de juifs se sont convertis, toute l'église naissante était juive, et cela a continué dans les siècles qui ont suivi et ce jusqu'à ce jour.
Dans le même temps, des branches issues d'un autre arbre, ont été entées sur l'Olivier franc ; ce sont les gentils des nations qui viennent se greffer sur l'arbre franc.
Paul affirme alors, que lorsque la totalité des gentils sera entrée, c'est à dire sauvée, alors et alors seulement, TOUT Israël sera sauvé, c'est à dire l'ensemble des juifs et des gentils qui auront donné leur vie au Seigneur Jésus-Christ depuis la fondation du monde, jusqu'au jour de son retour.

Et ainsi TOUT Israël serait sauvé !

La conclusion

L'antagonisme qui existe entre l'Israël physique et l'Israël spirituelle se retrouve dans l'opposition, entre la promesse et la Loi, exprimée par Paul dans les versets de l'épître aux Galates.
Lorsque Paul parle de la Loi de Moïse, il parle de l'Israël terrestre.
Certes, la Loi est spirituelle (Epître aux Romains - Chapitre 7 - Verset 14) , car elle vient de Dieu, elle montre sa sainteté, sa puissance et sa grandeur. Mais elle s'adresse à des hommes qui sont dans la chair afin de régler des principes terrestres, par des ordonnances charnelles, et des préceptes de la même nature, préceptes qui ne peuvent nullement amener l'homme au salut, car ils sont impuissants.

La première alliance avait aussi ses règlements relatifs au culte, et un sanctuaire Terrestre...
les oblations et les sacrifices offerts ne peuvent amener à la perfection, au point de vue de la conscience, celui qui rend ce culte.
Car avec les prescriptions relatives aux aliments, aux boissons et aux diverses ablutions, ce ne sont que des ordonnances charnelles, imposées seulement jusqu'à une époque de réformation.
Epître aux Hébreux – Chapitre 9 – Verset 1 et suivants

Ainsi a été abrogé la première ordonnance, à cause de son impuissance et de son inutilité, car la Loi n'a rien amené à la perfection...
Epître aux Hébreux – Chapitre 7 – Verset 18

Car ce que ne pouvait pas la Loi, parce qu'elle était impuissante à cause de la chair...
Epître aux Romains – Chapitre 8 – Verset 3

Ces textes montrent les limites de la Loi :
Limite dans le temps, car elle a un commencement avec l'instauration de la Loi Mosaïque et une fin avec la venue de la descendance c'est à dire la venue de Jésus-Christ.
Limite par sa portée, car elle ne concerne QUE les enfants d'Israël.
Limite quant au péché, car elle demeure inefficace et impuissante face au péché.

A contrario, La promesse faite à Abraham, est de toute autre nature et possède toutes les qualités :
Aucune limite ni dans le temps, ni dans l'espace, elle s'adresse à tous les hommes, à toutes les nations, sans distinction ni de race, ni de couleur de peau, ni de sexe, car en Abraham toutes les nations de la terre seront bénies.
Aucune limite de puissance, car ce qui était impossible aux hommes, Dieu l'a accompli.
Cette promesse c'est le don de la grâce faite aux enfants de toutes nations (y compris pour ceux d'Israël), c'est l'Israël spirituelle.

Cet antagonisme nous le retrouvons de manière allégorique dans les versets suivants ...


Dites-moi, vous qui voulez être sous la Loi, ne l'entendez-vous pas la Loi ?
Il est écrit, en effet, qu'Abraham eut deux fils, un de l'esclave et un de la femme libre. Mais celui de l'esclave fut l'enfant de la chair, celui de la femme libre l'enfant de la promesse.
Tout cela est allégorique, car ces femmes sont les deux alliances :
L'une celle du mont Sinaï enfante pour l'esclavage c'est Agar ... Elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est bien esclave ainsi que ces enfants.
Par contre, la Jérusalem d'en haut est libre, et c'est elle qui est notre mère ...
Quant à vous, frères, vous êtes, à la manière d'Isaac, enfants de la promesse...
Ainsi, frères, nous ne sommes pas enfants d'une esclave, nous somme enfants de la femme libre.
Epître aux Galates – Chapitre 4 – Verset 21 et suivants

Pour bien comprendre la juste valeur de ces mots, rapellons-nous, ce que Paul disait de lui-même, message que nous avons déjà mentionné, mais qu'il est important d'évoquer à nouveau. Dans la lettre adressée aux Philippiens, Paul croit devoir se justifier par rapport à ces frères juifs, pour leur préciser qu'en ce qui le concerne, il n'a sans doute, aucune leçon à recevoir, ni quant à ses origines, ni quant à son enseignement reçu aux pieds de Gamaliel. Lui Paul « de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d'hébreux pharisien pour ce qui est de la Loi, persécuteur de l'Eglise pour ce qui est du zèle et quant à la justice de la Loi, irréprochable.» (Epître aux Philippiens - Chapitre 3 - Versets 5 et 6)
C'est cet homme, pétri et enraciné dans toute la doctrine et la connaissance de la Loi de Moïse qui déclare avec force que l'Alliance du mont Sinaï, correspond à la Jérusalem terrestre et que ces enfants sont des esclaves. Et avec la même conviction il n'hésite pas à affirmer que les enfants des nations sont devenus en Jésus-Christ les enfants de la promesse, qu'ils correspondent à la Jérusalem céleste et qu'ils sont libres.

Et comment pourrait-il en être autrement !


Je le dis : une disposition déjà prise en bonne et due forme par Dieu, la Loi, venue quatre cent trente ans plus tard, ne va pas la rendre invalide et ruiner ainsi la promesse.
Epître aux Galates – Chapitre 3 – Verset 16 et suivants

Il nous reste désormais à aborder un dernier point quant à la fin du verset introductif qui a fait l'objet de notre étude...
« Elle (La Loi de Moïse) a été édictée par le ministère des anges
avec le concours d'un intermédiaire.
Or, quand on est seul, il n'y a pas d'intermédiaires, et Dieu est seul. »

Ces mots, ces quelques mots, peuvent nous paraître quelque peu complexes, du moins lorsque nous considérons la formulation de ces derniers. Nous pouvons même avoir des difficultés à en comprendre tout le sens et toute la logique.
Or, à la lumière des explications précédemment données, nous retrouvons le même schéma, la même opposition, la même dualité qui existe entre la promesse et la Loi.

En effet, il nous est dit que la Loi a été donnée au peuple par le concours d'un intermédiaire. Le fait même qu'il existe un intermédiaire, cela suppose non seulement qu'il existe plusieurs parties, mais qu'encore ces différentes parties sont divisées, et qu'il est nécessaire de recourir à un médiateur pour tenter de les rapprocher. Ainsi de Moïse, qui durant les jours de sa vie, n'a cessé d'être le médiateur entre Israël et L'Eternel. C'est en effet à lui, que les livres de la Loi furent donnés, afin qu'il les fasse connaître aux fils d'Israël. C'est Moïse qui chercha à apaiser la colère de l'Eternel, quand Dieu voulait les embraser et tous les consumer parce qu'ils avaient fait un veau d'or, pour se prosterner et sacrifier devant lui. C'est ce même peuple qui refusa d'entendre la voix de L'Eternel, et demande à Moïse de leur parler directement de la part de Dieu. Cela ne nous démontre-t-il pas, l'imperfection, la temporalité, et les limites de cette alliance ?

A contrario, l'Apôtre Paul, évoque alors la promesse que Dieu a faite à Abraham, et que nous dit-il alors, si ce n'est que cette promesse n'est pas le fruit d'une négociation entre deux parties ou le résultat d'un traité avec des obligations collatérales, mais que cette promesse a été donnée, de manière absolu, libre et indépendante, par Dieu lui-même, sans condition, sans contrat, recouvrant de ce fait son caractère permanent et universel. Voir Commentaire Biblique Galates 3-20

Qu'elle est donc la nature de cette promesse faite à Abraham, par laquelle toutes les nations de la terre ont été bénies, si ce n'est la révélation de la Grâce que Dieu apporte et présente à tous les hommes.