Paul, les regards fixés sur le Sanhédrin, dit : "Frères, je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour en toute bonne conscience." Mais le Grand Prêtre Ananie ordonna à ses assistants de le frapper sur la bouche.
Alors Paul lui dit : "Dieu te frappera, muraille blanchie ! Même toi qui sièges pour me juger selon la Loi, au mépris de la Loi, tu ordonnes qu'on me frappe !"
Les assistants dirent : "Tu injuries le Grand Prêtre de Dieu !"
Paul dit : "Je ne savais pas frères, qu'il fût Grand Prêtre ; car il est écrit : Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple."
Ces versets et spécialement le verset 5 ont beaucoup été commentés et différentes interprétations
ont été proposées afin de comprendre le sens des mots de l'apôtre lorsqu'il dit :
"Je ne savais pas frères, qu'il fût Grand Prêtre..."
Pour certains, Paul ignorait véritablement qui était le Grand Prêtre Ananie qui avait ordonné à ses
assistants de le frapper sur la bouche afin de le faire taire. Mais en l'apprenant, Paul s'excuse de l'injure
commise, retire donc ses paroles et reconnait la dignité de celui que Dieu a établi, et réalise qu'il a agit avec précipitation.
D'autres émettent l'hypothèse que Paul, ne savait pas au milieu de l'assemblée qui avait véritablement
pronocé ces paroles et ne se serait pas douté un instant qu'il puisse s'agir du souverain-sacrificateur.
Cette version se fonde également sur le principe que la vue de l'apôtre serait devenue avec l'âge quelque peu
faiblissante.
Certains théologiens et pasteurs protestants vont plus loin encore et leurs propos
sont parfois "troublants", voir même "irrespectueux" à l'égard de la personnalité de Paul et du
témoignage qu'il a rendu.
Paul embarrassé, se repentant de sa passion, ne cherche qu'une excuse.
Nous nous attendions à voir ici un apôtre, revêtu de la puissance du Saint-Esprit, dans la dignité sacrée d'un prophète de Dieu, et l'on nous montre un Paul descendant, en présence du Sanhédrin juif et d'un tribun, romain, jusqu'à la passion, au désaveu de ses paroles, à l'embarras, au mensonge !
Nous ne pouvons qu'être troublés à la lecture de telles déclarations et offusqués par le fait même qu'elles puissent avoir germées dans l'esprit d'un homme de Dieu, qui cherche non pas la polémique ou sa gloire personnelle, mais bien la vérité, comme il se devrait pour tout homme.
Il existe bien naturellement une autre lecture de ce passage, une lecture qui permet de comprendre à la fois les paroles prononcées par l'apôtre, et qui correspondent également parfaitement au caractère et à la nature de celui qui les a formulées, nature que l'on retrouve tout au long de ces nombreuses lettres. Cependant, il nous faut, préalablement, revenir sur les positions que nous avons dans un premier temps considérées, et ce afin de réaliser et comprendre pourquoi elles ne peuvent être envisagées et tenues pour vraies.
Dans le livre des Philippens Paul se décrit ainsi :
Moi, un circoncis du huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin ; Hébreux fils d'Hébreux ; pharisien pour ce qui est de la Loi ; persécuteur de l'Eglise, pour ce qui est du zèle, et quand à la justice de la Loi, irréprochable.
Et encore dans les actes des Apôtres, il affirme encore :
Je suis Juif, né à Tarse de Cilicie ; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci et instruit aux pieds de Gamaliel exactement selon la Loi de nos Pères, zélateur de Dieu comme vous l'êtes tous aujourd'hui.
Ma vie donc, dès ma jeunessse, telle qu'elle s'est passée depuis le commencement à Jérusalem, au milieu de ma nation, tous les juifs la connaissent. Ils savent depuis longtemps, s'ils veulent en rendre témoignage, que j'ai vécu en pharisien selon la secte la plus stricte de notre religion.
Paul élevé au pied de Gamaliel, un pharisien et docteur de la loi estimé de tous, instruit
exactement dans la Loi de Moïse, pharisien quant au zèle,
c'est à dire dans une connaissance stricte de la religion.
Cet homme donc, alors qu'il se trouve devant le sanhédrin pour y être jugé, dans un lieu qu'il
connaît pour l'avoir fréquenté de manière assidu, devant un tribunal dont il sait
les principes, les méthodes et les arcanes. Paul ne saurait donc pas qui en est le juge
et ne pourrait le reconnaître au premier coup d'oeil ?
De plus lorsque l'Apôtre réagit après avoir été frappé sur la bouche, il s'adresse directement
au souverain sacrificateur, à celui qui siège et qui se trouve être dans ce fauteuil pour le juger.
"Dieu te frappera, muraille blanchie ! Même toi qui sièges pour me juger
selon la Loi..."
Comment peux t-on imaginer un instant que Paul aurait parler ainsi sans savoir à qui il adresse
cette sentence ?
De plus nous devrions réaliser que ce n'est pas par la volonté d'un homme que Paul s'est rendu
à Jérusalem, mais c'est poussé par l'Esprit de Dieu s'il se trouve à
cet instant devant le tribunal de ces Pères et ce afin qu'il puisse témoigner devant eux.
Et que nous disent les écritures au sujet de ce témoignage...
La nuit suivante le Seigneur se présenta à lui et dit : "Courage ! car de même que tu as rendu témoignage à Jérusalem sur ce qui me concerne, il faut aussi que tu rendes témoignage à Rome"
Dieu blâme t-il Paul ? Lui adresse t-il un reproche, une réprimande, ou une réprobation quand
au discours prononcé ? Au contraire, Dieu lui dit qu'il devra bientôt apporter et poursuivre
de la même manière son témoignage et ce jusqu'à Rome.
Paul a été appelé par le Seigneur sur la route de Damas, il est un instrument choisi
par Dieu afin que le nom de Dieu soit porté devant les nations. (Livre des Actes des Apôtres - Chapitre 9 verset 15)
Lorsque Paul parle devant le Sanhédrin, c'est l'Esprit de Dieu qui place dans sa bouche les paroles qui en sortent.
Et quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous préoccupez pas d'avance de ce que vous direz, mais dîtes ce qui vous sera donné à l'heure même ; car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l' Esprit Saint.
"Je ne savais pas frères, qu'il fût Grand Prêtre..."
Comment comprendre donc ces mots employés à raison par Paul ?
La réponse de Paul est à la fois ironique et parfaitement vraie.
En effet, en disant ces mots, l'apôtre fait remarquer à tout le sanhédrin qu'il nétait pas possible
au Grand Prêtre qui présidait ce tribunal, de frapper celui qui était en accusation avant même de l'avoir
écouté ; C'est pourquoi Paul précise en s'adressant directement au Grand Prêtre
Même toi qui sièges pour me juger selon la Loi, au mépris de la Loi,
tu ordonnes de me frapper
Nicodème n'a t-il pas dit devant ce même tribunal
Notre Loi condamne-t-elle un homme
sans qu'on l'ait d'abord entendu
et qu'on sache ce qu'il a fait ?
Mais ce qui paraît encore plus évident, c'est que pour Paul, Ananie ne peut être le Souverain Sacrificateur, le Grand Prêtre de l'ancienne Alliance, le conducteur spirituel du peuple, il ne peut et ne veut l'envisager et encore moins le reconnaître comme tel. Car pour Paul le seul Souverain Sacrificateur auquel il se soumet humblement, devant lequel il s'incline avec joie, auquel il reconnaît tous pouvoirs et tous droits, c'est celui qui est entré une fois pour toute dans le Saint des Saint, dans le tabernacle céleste non avec du sang de boucs ou de taureaux mais avec son propre sang ; c'est à dire Jésus-Christ.
Mais le Christ ayant paru comme Grand Prêtre des biens à venir, c'est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n'est pas construit de mains d'homme, c'est à dire, qui n'appartient pas à cette création-ci, et ce n'est pas avec le sang des boucs et des taureaux,mais avec son propre sang qu'Il est entré une fois pour toute dans le Saint des Saints, après avoir acquis une rédeption éternelle.
C'est Lui qui est devenu Souverain Sacrificateur pour toujours selon l'ordre de Melchisédech
(Epître aux Hébreux - Chapitre 5 - Verset 6).
Paul ne reconnaît pas Ananie comme Grand Prêtre, non seulement, parce qu'il s'en ait montré
indigne en le frappant et en voulant le faire taire, mais surtout parce que cette charge,
ce sacerdoce transmis aux lévites, depuis Aaron à pris son terme avec la venue du Seigneur.